L e CV reste l’outil de base pour mettre en relation un candidat et un recruteur.
Néanmoins, il faut toujours proposer un CV résumant son parcours professionnel. Celui-ci demeure l’outil de tri privilégié des recruteurs. Il est le support utilisé sur les bases de données, c’est une trame pratique pour mener un entretien, et il permet également de se faire une première idée d’un candidat.
Vous devez donc considérer votre CV comme un support valorisant pour présenter votre expérience. C’est votre outil marketing « primaire » en quelque sorte. Nous allons donc examiner comment tenir compte du fait que le vecteur de la communication est devenu presque exclusivement le web, avec certes de nouvelles contraintes mais aussi de nouvelles opportunités.
Un outil marketing
Il est pourtant parfaitement clair que le terme « marketing » ne veut pas dire « malhonnête ». Il s’agit juste d’avoir en tête que c’est un outil à votre disposition, dont vous maîtrisez le contenu, destiné à vous mettre en valeur et à mettre l’accent sur les points utiles dans votre démarche de recherche. Vous êtes le service qui se met sur le marché. Vous devez communiquer au travers d’un support pour cela.
Je vous suggère de repartir de zéro : éviter de réadapter un CV ancien,
qui vous a déjà servi dans une recherche précédente. Ce conseil vaut aussi si vous êtes un jeune diplômé et que vous avez déjà utilisé un CV pour chercher des stages.
Un CV n’est pas un portefeuille de compétences
Votre CV n’a pas vocation à présenter de façon exhaustive la totalité de vos expériences et compétences. Vous devrez être sélectif et cibler votre propos.
Si votre travail préalable vous a permis d’avoir à disposition le contenu d’un portefeuille de compétences potentiel, il n’est pas exploitable tel quel pour bâtir votre CV.
Un ou plusieurs CV ?
Je suggère d’avoir plusieurs CV et de considérer que c’est une base à remodeler très régulièrement.
Vous avez souvent en tant que candidat plusieurs casquettes possibles, plusieurs volants de compétences, qui ne sont pas tous utiles en même temps pour toutes les cibles. C’est particulièrement vrai pour les candidats expérimentés.
Cette souplesse de présentation est utile aussi bien dans le cadre d’une réponse à une annonce que dans le cadre d’une candidature spontanée.
En effet, dans une annonce les exigences du poste sont généralement mentionnées clairement, aussi bien dans l’énumération des missions à accomplir que dans le profil recherché.
? vous de mettre l’accent sur les points clés qui répondent le mieux aux attentes mentionnées dans l’offre. Vous devrez d’ailleurs pour cela effectuer un décryptage précis du texte.
En fonction de votre analyse, vous pourrez permuter des informations dans votre CV, en particulier dans un paragraphe de compétences, par exemple, ou dans l’énumération de vos expertises.
La forme reste codifiée
Le style
Le fait que le CV soit visible depuis le web, via une base de données de CV ou via votre blog ou une page personnelle ne doit pas changer grand-chose au style.
La sobriété paie en général.
D’abord parce que les moteurs de recherche repéreront et décrypteront mieux un CV à la forme simple et classique, avec des rubriques facilement identifiables et organisées simplement. Il vaut mieux pour l’instant éviter d’insérer des tableaux ou des dessins, car cela introduit le risque de perturber la lecture par le moteur de recherche.
Ensuite parce que l’originalité n’est pas toujours payante. Le recruteur cherche (même inconsciemment) un CV cohérent avec le poste qu’il cherche à pourvoir. En dehors des postes à dimension franchement créative, comme le design ou le stylisme, et certains postes de la fonction communication, une forme très originale de CV dessert souvent plus qu’elle ne sert. Le temps passé à comprendre l’organisation et à repérer les données clés doit être court. Il ne faut pas dérouter le recruteur.
La longueur
Même si la tendance est aujourd’hui à des CV plus longs qu’auparavant, et que la sacro-sainte page A4 peut être abandonnée, je vous suggère quand même de faire un effort de synthèse. Deux pages est un maximum à ne pas dépasser, et pour des jeunes diplômés plutôt une page et demie. Le fait que le support soit électronique et que la première approche se fasse par un écran donne seulement un peu de souplesse. Un CV considéré comme intéressant est vite imprimé par le recruteur, pour permettre un entretien même seulement téléphonique et une éventuelle prise de notes. Si la forme est compliquée, truffée de couleurs et si le CV est trop long, la première image laissée peut être rapidement négative.
Le fond doit servir votre objectif
?lagage nécessaire : effectuer des choix
Une des erreurs fréquemment commise par les candidats est de croire que, par honnêteté, ils doivent absolument tout dire dans leur CV. Il faut bien se défaire de cette croyance. Ce que vous mettez dans votre CV doit être vrai et vérifiable. Mais vous avez le droit de ne pas tout dire. D’une part, certaines informations que vous jugiez importantes à certains moments, où qui étoffaient une expérience encore un peu courte, sont devenues très secondaires au fil du temps. D’autre part, certaines données sont peu intéressantes dans le cadre d’une réponse à certaines annonces par exemple.
Hiérarchiser l’information
Cet effort est particulièrement important dans le cas de la réponse à une annonce.
Vous choisirez bien sûr la présentation rétro-chronologique, ce qui vous laissera peu de marge dans l’ordre de présentation de vos expériences. En revanche, dans l’énoncé du contenu de vos expériences, vous serez attentifs à mettre en avant ce qui est le plus pertinent par rapport au poste sur lequel vous candidatez. Là encore, cela vous renvoie à une analyse fine de l’annonce. Soyez perspicace pour comprendre ce qui est attendu en priorité (ce qui doit apparaître dans une annonce bien faite). Cherchez bien dans vos expériences et domaines d’expertise ce qui répond prioritairement à ces exigences et présentez-le en premier.
C’est pourquoi je préconisais d’avoir plusieurs CV ou plutôt de considérer qu’il y a une base de forme fixe et qu’autour de cette base, vous pouvez modifier l’intérieur d’un paragraphe pour mieux mettre en avant vos atouts.
Adapter la forme aux exigences du web
Mettez un titre
Si le titre peut paraître inutile dans le cadre d’une réponse directe à une annonce donnée, il redevient très important dans le cadre d’une candidature spontanée et surtout dans le cadre d’une inscription dans une base de données de CV. cependant notez d’ores et déjà que le titre est important pour être repéré par les moteurs de recherche.
Il doit pour cela être précis :
-Faire référence soit à un intitulé de poste « intelligible »,
c’est-à-dire susceptible d’être mentionné dans une annonce. Ce ne doit pas être une énumération vague de différentes possibilités de postes. Cela n’est pas rassurant pour un recruteur de trouver un CV avec des aspirations mal définies.
-Mentionner une expertise particulière (« développeur JAVA » ou « Ingénieur R&D chimie fine ») dont la maîtrise pourrait être un critère important pour la personne qui recrute.
Votre état civil
Cette rubrique doit maintenant être réduite à une très simple expression.En effet, la tendance lourde est à l’anonymat des CV, même s’il s’agit plutôt encore d’un voeu pieu. Les informations personnelles doivent être limitées à des données permettant de vous trouver et d’avoir une idée succincte de votre profil : prénom, nom, date de naissance, adresse,e-mail et téléphone.
Ne donnez pas d’informations personnelles sur votre situation de famille. Je ne veux pas dire par là qu’il faut refuser toute question sur le sujet lors d’un entretien. Il est légitime pour un recruteur d’évaluer, par exemple, votre mobilité géographique et le risque qu’il prend sur le sujet. Mais le CV n’est pas nécessairement le lieu pour mentionner cet aspect.
Si vous postulez loin de votre domicile, mentionnez explicitement votre mobilité dans le titre de votre CV ou utilisez la lettre d’accompagnement pour dire explicitement que vous êtes mobile.
Quant à la date de naissance, vous pouvez choisir de ne pas la mettre, mais un recruteur expérimenté évaluera très rapidement votre âge au regard de vos différentes expériences, et le fait même de ne pas mettre son âge souligne le fait qu’on se croit déjà à un âge qui « pose problème ». Il est vrai que l’emploi des seniors pose un problème, le nier serait malhonnête. La tendance est quand même à l’amélioration Ne pas mentionner son âge n’est pas une solution idéale, cela peut éventuellement servir à repousser le moment où la question se posera.
Photo ou pas photo ?
On voit bien que la photo est amenée à disparaître si on va dans la logique de l’anonymat. Tout cela est relativement hypocrite puisque les candidats mettent des photos en ligne sur les réseaux sociaux et que toute la communication sur le Net incite à personnaliser les profils avec des photos. Mais vous pouvez vous dispenser d’une photo sur un CV, surtout si vous postulez auprès d’une grande structure (souvent plus au fait des tendances et pratiquant officiellement pour certaines l’anonymat dans les recrutements). Si vous choisissez de mettre une photo, soyez très sobre, mettez une photo à caractère neutre et professionnel. La facilité technique procurée par le numérique qui vous permet d’importer des photos depuis vos appareils personnels ne vous autorise pas à mettre des photos trop personnelles ou décontractées. L’effet est désastreux à coup sûr. La consigne est : plutôt pas de photo qu’une photo mal adaptée.
Soyez clair et synthétique sur vos diplômes ou niveau de formation
La rubrique formation doit se réduire à une liste de diplômes précis, datés et situés éventuellement par la mention de la ville où vous l’avez obtenu.
Par exemple : 2003 Master de gestion financière - Université de Grenoble.
Si le diplôme est récent, ou si vous êtes issu d’une formation un peu méconnue, vous pouvez, comme le font les Anglo-Saxons, préciser les matières clés qui composent la formation. Mais cela doit être très succinct. C’est une solution intéressante pour les jeunes diplômés, qui ont peu d’expériences et peuvent trouver ainsi un moyen de mentionner dans le CV des connaissances théoriques recherchées dans un recrutement de débutant, et qu’ils n’auraient pas l’occasion de mentionner ailleurs.
Si vous êtes diplômé de l’enseignement supérieur, oubliez votre Baccalauréat ! Il est rarissime d’accéder à des études supérieures sans le bac en France. Vous n’avez pas besoin de préciser des évidences.
Au fur et à mesure de l’accumulation des années d’expériences, résumez votre formation à vos diplômes les plus importants et faites grâce au lecteur de vos années intermédiaires… Et là aussi, c’est au recruteur de vous interroger sur votre parcours de formation s’il souhaite avoir des précisions.
Par exemple, si la classe préparatoire dont vous êtes issu peut parfois être un élément d’information intéressant quand vous êtes un débutant à la recherche de son premier poste – et encore faut-il que cela soit parlant pour la personne qui vous évalue –, cela devient beaucoup moins pertinent comme information quand vous avez plus d’expérience.
L’intitulé d’un diplôme bien présenté peut aussi être repéré par un moteur de recherche si la personne qui fait la recherche a renseigné précisément ce critère.
Si vous êtes issu d’une école de commerce ou d’ingénieur, mettez-le sigle de l’école ou son nom, mais détaillez le sigle ou précisez bien le lieu. Il existe une multitude d’écoles, un recruteur ne peut pas toutes les connaître et de nombreuses confusions sont possibles.
Présentez clairement votre expérience
Le nom et le secteur d’activité des organisations dans lesquelles vous avez travaillé
Chaque détail d’expérience doit mentionner clairement le nom de l’entreprise ou de l’organisation dans laquelle vous avez exercé, le groupe d’appartenance s’il y en a un, le secteur d’activité, la taille et le lieu. En effet, comme pour les écoles, personne ne peut connaître le nom et l’activité de toutes les entreprises. Même les très grands groupes connus de tous ont parfois des filières très différentes. Tout ceci n’a rien d’évident pour la personne qui découvre votre CV, sauf si vous êtes chez son concurrent direct, ce qui peut bien sûr arriver mais n’est pas forcément le cas de figure le plus répandu.
L’intitulé des fonctions que vous avez exercées
Le conseil est le même en ce qui concerne l’énumération de vos fonctions.
Soyez précis sur les dates, cela est toujours rassurant pour le lecteur.Ayez bien en tête que le flou, dans les dates, les titres, les lieux est toujours source de méfiance même inconsciente chez la personne qui lit votre CV. D’autre part le recruteur dispose de peu de temps, il veut donc avoir accès à des informations complètes et précises le plus vite possible.
Soyez simple sur les intitulés de fonction. Plutôt que de mentionner l’intitulé officiel qui était sur votre contrat de travail, traduisez la fonction dans un langage que tout le monde comprend. Il faut bien sûr être honnête et que l’intitulé que vous choisissiez reflète la réalité de la responsabilité. Mais vous avez pour cela tout loisir de mentionner en quelques lignes les réalisations clés et missions essentielles que vous avez menées à bien pour illustrer votre fonction.
Si vous avez occupé toujours le même type de fonction au sein de plusieurs entités, essayez de ne pas répéter toujours le même terme et voyez si vous pouvez mentionner un ou deux intitulés proches mais légèrement différents, toujours dans le but que votre CV soit repéré par un moteur de recherche.
Soyez précis et concret si vous pouvez mentionner des chiffres : taille des équipes managées, CA réalisé si vous avez une fonction commerciale, montant des budgets de projet.
Un paragraphe « Compétences » : pour quoi faire ?
La mode est à la réalisation d’un paragraphe intitulé « compétences » pour faire écho aux CV anglo-saxons qui mentionnent toujours cette dimension (appelée skills, main skills ou specific skills).
Mais attention, un CV n’est pas un portefeuille de compétences. Bannissez les énumérations vagues et très générales qui ne sont d’aucune utilité en terme de tri ni pour un recruteur ni pour un moteur de recherche.
>soit vous choisissez d’illustrer dans ce paragraphe certaines dimensions demandées dans une annonce pour un poste précis et que vous ne pouvez pas énumérer dans le reste de votre CV ;
>soit vous regroupez des compétences récurrentes pour éviter de vous répéter dans chaque paragraphe de votre expérience professionnelle ;
>soit vous mentionnez là plutôt des expertises particulières que des compétences au sens large du terme, comme la maîtrise de logiciels pécifiques, de techniques expérimentales, la connaissance de normes particulières dans votre métier. Là encore, soyez pragmatique, réfléchissez à ce qui est demandé dans l’annonce ou analysez les informations que vous avez à disposition sur les profi ls de poste d’une entreprise. Pensez toujours qu’un recruteur n’effectuera pas un tri de CV sur le critère « capacité à manager », beaucoup trop général mais qui aurait peut-être sa place dans un portefeuille de compétences, mais plutôt sur des critères précis de type « Autocad » ou « biologie moléculaire » ou « organisation de salons professionnels ».
Varier les descriptions de compétences : par exemple, ne vous contentez pas d’écrire trois fois la fonction « Développeur Java » pour trois expériences de développement avec ce langage, mentionnez également des variantes comme « développement en langage objet », « langage de programmation orienté objet ». De même si vous êtes un spécialiste de l’Assembleur, mentionnez également « langage de programmation temps réel ». Ceci toujours dans le but de multiplier les prises possibles pour le moteur de recherche.
Les hobbies et centres d’intérêts extraprofessionnels
Cette rubrique est souvent considérée comme un passage obligé par les candidats. De ce fait, certains créent une rubrique très « creuse » où ils ne mentionnent que de vagues activités comme : lecture, cinéma, jogging (cette trilogie doit représenter le best of de cette rubrique). Cela n’a strictement aucun intérêt.
Soit vous exercez ou avez exercé de façon régulière, soutenue et jusqu’à avoir un certain niveau un sport ou une activité artistique et cela vaut la peine de le mentionner, car vous pourrez en parler intelligemment et avec passion. Soit vous n’avez rien à en dire de spécial et mieux vaut ne pas en parler.
Mentionnez les activités qui peuvent vous mettre en valeur. Si vous pratiquez les voyages avec passion, si vous êtes féru d’un sport, si vous avez une réelle culture sur un sujet, n’hésitez pas. Il ne s’agit pas de déshumaniser le propos. Il s’agit d’offrir à l’interlocuteur qui a votre CV en main une porte d’entrée différente de l’approche professionnelle. Encore faut-il qu’elle soit valorisante pour vous. Je ne veux pas dire qu’il faut avoir réalisé des exploits, être un champion dans son sport ou être premier prix du Conservatoire, mais seulement avoir la possibilité d’engager une conversation intéressante sur un sujet.
De même pour les activités associatives. Elles peuvent toutes être intéressantes, que ce soit la gestion du club de sport de votre enfant ou une association caritative. Ce qui intéressera ce sera votre implication, votre engagement, votre capacité à gérer plusieurs activités. On cherche des personnes capables de s’investir et l’engagement dans une activité quelle qu’elle soit est en général un gage de capacité à s’intéresser à différents domaines et à donner de son temps.
Mais ce genre d’activités est très rarement un critère d’embauche.
Cela peut seulement permettre de cerner un peu plus une personnalité. Il est évident que ponctuellement, un centre d’intérêt peut faire écho à celui du recruteur, mais cette probabilité est rare et en plus la personne qui vous évalue lors du processus de recrutement n’est pas forcément celle qui serait susceptible de travailler avec vous.
N’attachez donc pas une importance trop grande à cette rubrique.
Elle peut être importante pour des recrutements très particuliers comme un poste lié très directement au sport par exemple, ou le caractère sportif du candidat serait un critère important en plus du reste (marketing du sport par exemple) ou également certains postes en communication ou dans le domaine culturel où on attendra une implication personnelle du candidat dans la sphère culturelle en plus de ses connaissances et de son expérience.
Ce peut parfois être une petite aide à la décision entre deux candidats ayant des compétences et des caractéristiques très proches, mais cela reste un cas exceptionnel.
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